Les constats


Le surpoids et l'obésité chez les adultes  constituent un vrai problème de santé publique, qui peut nécessiter le suivi d’un régime alimentaire dans le cadre d’une prise en charge par un professionnel de santé. Toutefois, des régimes amaigrissants sont souvent suivis en l'absence de surpoids ou d’indication médicale, pour des raisons essentiellement esthétiques

Le surpoids et l'obésité touchent respectivement 32 % et 15 % des personnes de plus de 18 ans (ObEpi-Roche 2012 : enquête nationale sur l’obésité et le surpoids). Véritables problèmes de santé publique, ces pathologies nécessitent la prise en charge par un professionnel  et peuvent justifier la mise en œuvre d'un régime alimentaire sous contrôle. Mais, dans de nombreux cas, des pratiques alimentaires d'amaigrissement sont adoptées en l'absence de surpoids ou de toute indication médicale, pour des raisons essentiellement esthétiques.

Les contributions reçues ainsi que les éléments d'éclairage apportés par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ont été rendus publiques. Ces retours ont été analysés et ont donné lieu à un avis de l'Anses, validé par le comité d'expert spécialisé « nutrition humaine » et publié en mai 2011, qui établit des recommandations et des conclusions définitives.

A propos des régimes

Les régimes étudiés par l'Anses ont été sélectionnés sur la base de leur popularité, c'est-à-dire les plus fréquemment cités sur Internet ou ceux correspondant aux livres les plus vendus dans le commerce ou sur Internet. Quinze régimes ont ainsi été sélectionnés.

Ces régimes se différencient par leur composition en nutriments. Selon les cas, ils proposent la suppression d'une ou plusieurs catégories d'aliments, le maintien d'une seule catégorie d'aliments ou même la suppression totale d'aliments.

 

 

L'expertise de l'Anses a ensuite été réalisée en deux volets :

    Identification et caractérisation des régimes amaigrissants afin de déterminer leurs impacts sur les apports nutritionnels, notamment en termes d'inadéquations des apports nutritionnels ;

 

    Analyse de la littérature disponible afin d'identifier :

        Les conséquences biologiques des régimes amaigrissants ; cette analyse inclut l'identification de déséquilibres nutritionnels (macronutriments) et de déficiences d'apports en vitamines et minéraux ;

 

        Les conséquences physio-pathologiques et psycho-comportementales des régimes amaigrissants.

Une évaluation spécifique a également été menée pour certaines catégories de la population se trouvant dans des situations physiologiques et de vulnérabilité particulières, comme les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et allaitantes, les personnes âgées et les sportifs ou sujets ayant une activité physique.

Risques identifiés

Certains régimes amaigrissants peuvent induire des déséquilibres nutritionnels, notamment : apports en protéines et en sel trop élevés ; apports en fibres, en fer, en magnésium, en vitamine D insuffisants.

 

 

Ces déséquilibres peuvent entraîner des troubles pour la santé :

    La dépression et la perte de l’estime de soi sont des conséquences psychologiques fréquentes des échecs à répétition des régimes amaigrissants ;

    L’amaigrissement ne se fait pas uniquement aux dépens des réserves de masse grasse mais conduit rapidement à la perte des masses musculaire et osseuse, quel que soit le niveau d’apport protéique ;

 

    certains régimes qui préconisent quasi exclusivement la consommation de viande, poisson, œuf et produits laitiers conduisent à des apports protéiques très élevés (régimes hyperprotéiques non hypocaloriques) et peuvent présenter un risque aux niveaux rénal, osseux et cardiaque ;

 

    Une des conséquences majeure et récurrente des privations et exclusions pratiquées, quel que soit le régime, est, paradoxalement, la reprise de poids, voire le surpoids: plus on fait de régimes, plus on favorise la reprise pondérale (effet yo-yo), a fortiori en l'absence d'activité physique.

    Toutes les manipulations du régime alimentaire visant un déséquilibre énergétique associé ou non à un déséquilibre d’apports en macro-nutriments (glucides, lipides, protéines) dans le but d’une perte de poids peuvent exposer à des risques importants pour la santé. Aussi, tous les régimes amaigrissants, qu’ils portent ou non un nom spécifique, sont à éviter, en dehors d’une prise en charge par des professionnels de santé.

 

Il faut noter que l’activité physique constitue un facteur essentiel de stabilisation du poids.

Le travail de l'Anses montre que les régimes amaigrissants présentent des risques pour la santé plus ou moins graves.

 

La recherche de perte de poids par des mesures alimentaires ne peut être que justifiée pour des raisons de santé, et cette démarche doit faire l'objet d'une prise en charge par des spécialistes - médecins nutritionnistes, diététiciens-nutritionnistes-, qui seront les plus à même de proposer le régime alimentaire correspondant le mieux aux caractéristiques de la personne.

 

L'Anses rappelle en outre que rien ne peut remplacer, en terme de santé, une alimentation équilibrée, diversifiée, en veillant à ce que les apports énergétiques journaliers ne dépassent pas les besoins. Par ailleurs, pour réduire les risques de prise de poids, l'évolution des habitudes alimentaires doit être associée à une activité physique régulière.